Turion's blog

Compassion, hypocrisy, and veganism

Je crois que je n'ai toujours pas assez commenté cette petite phrase :

Grâce aux efforts de la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA) et de son président, Samuel Debrot (81 ans), les dépouilles de chats, de chiens ou de hamsters ne seront bientôt plus mélangées aux déchets carnés d'abattoirs.

L'avantage des gens normaux encore plus crétins, ou plus corrompus, ou plus fanatiques, ou simplement plus cohérents que la moyenne de leurs congénères, c'est qu'ils nous aident à tailler dans le miasme idéologique du mainstream pour voir plus clairement les prémisses ou la moelle épinière de leurs constructions absurdistes.

L'hypocrisie étant sans doute l'une des valeurs les plus chéries par les gens normaux, il n'est pas étonnant qu'elle s'applique à la consommation d'êtres vivants tués. Franchement, qui parmi les gens normaux serait capable de tuer de ses propres mains un boeuf, un cochon ou un poulet, avant de le dépecer? Pas grand monde, je suis sûr. C'est bien pour ça que l'idée que d'aucuns puissent le faire avec leurs chats ou leurs chiens les scandalise. Mais la viande d'autres animaux devient complétement dissociée de leur réalité corporelle, matérielle, brute. On ne les voit plus. On les cache, ils vivent loin de la ville. Des gens normaux pourraient passer toute leur vie sans avoir approché une vache ou un mouton. La langue, comme toujours, est révélatrice : ce n'est pas pour rien qu'est utillisée toute une autre terminologie pour désigner des morceaux d'animaux tués destinés à la consommation : on ne mange pas un bout de cochon tué, mais du jambon. (C'est encore plus clair en anglais : pork, mutton, beef, etc.)

Un morceau de viande, emballé dans un joli paquet plastique hermétique (sans même parler d'un joli morceau sur une belle assiette dans un restaurant), n'a ainsi plus aucun rapport avec l'être vivant qu'il a fallu tuer pour y aboutir (ça me rappelle aussi cette scène de Ravage ou l'un des personnages balance une poule telle quelle dans de l'eau bouillante, ignorant comment se passait le passage de la poule au cube de viande). Et c'est seulement au prix de toute cette construction sociale qu'on peut arriver à une société qui vous traiterait probablement comme un psychopathe si vous abattiez un animal nuisible, mais massacre sans sourciller des animaux par millions ; une société qui va prendre la défense d'un loup tout en ne versant pas une seule larme pour les moutons qu'il va dévorer. Et surtout, une société ou quelqu'un peut tranquillement sortir une phrase comme

les dépouilles de chats, de chiens ou de hamsters ne seront bientôt plus mélangées aux déchets carnés d'abattoirs.

2008-11-07

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